vendredi 30 novembre 2012

La famille De Assis!

Il est de mise de parler un peu de mon expérience dans une famille de Brasília.  Le père, João, était militaire aujourd’hui à la retraite.  Son épouse, Nora, est « dona da casa » ce qui signifie qu’elle reste à la maison pour s’occuper de la famille.  Ils ont deux enfants : Alex, 29 ans et Karen, 26 ans tous deux travailleurs.  Alex demeure en appartement avec sa blonde et Karen profite des nombreux bénéfices de la maison paternelle. 

Nora est une femme exceptionnelle et d’une foi hors du commun.  Elle fait partie de la pastorale du baptême.  Un dimanche par mois, elle passe son avant-midi de 8h00 à 12h00 pour préparer les parrains et les parents à ce bel évènement.  La veille, elle prend le temps de préparer un gâteau pour la pause qui a fait le bonheur de tous.  Il était 22h00 quand on a commencé à préparer le gâteau.  De toute façon, on ne se couche pas avant 1h00 a.m.  À tous les samedis après-midi, elle va porter la communion à une personne âgée avant de se rendre à la messe.  C’est une femme qui aime son église et son Dieu.  Je la sens fière de participer aux évènements de son église parce qu’elle m’en parle avec beaucoup d’enthousiasme.

João est un bonhomme sympathique et un bon père de famille.  Il ne va pas à la messe parce qu’il trouve que des paroissiens ne sont pas cohérents dans leur foi.  Il a toutefois un cœur d’or et de service.  Il aime sa femme et démontre beaucoup de tendresse à travers des gestes qui semblent bien banaux.  Il a tout un sens de l’humour.  Il m’offrait toujours un verre d’eau.  La première fois, il y avait une fourmis dedans.  Je lui ai fait la remarque.  Il m’a répondu : « Ne t’en fais pas, les fourmis sont bonnes pour la vue. »  C’est en riant que la semaine a commencé et c’est en riant qu’elle a fini.  J’ai eu droit à un cours de « manger une mangue 101 à la brésilienne »  Il s’est bien moqué de moi en me voyant mangé ce bon fruit avec couteau et fourchette.  Il est très difficile à comprendre quand il parle car il utilise des expressions populaires que je n’avais pas eu le temps d’apprendre et comme il n’articule pas, ouf, c’était du sport.

Nous avons sorti un peu pour visiter la ville de Brasília.  Nora et Karen voulait absolument me donner du linge.  Alors, on a du faire toutes les boutiques aux alentours.  J’étais très contente parce qu’une fois rendue au Brésil, je me suis rendue compte qu’une partie de linge était usé.  C’était un beau cadeau à m’offrir. 

Je suis retournée les voir un certain dimanche pour manger ensemble. Ils sont venus aussi pour une célébration au Cenfi où je suis avec toutes les familles qui ont accueilli un missionnaire. Le 10 décembre, c’est l’anniversaire de Nora et je compte bien lui rendre visite.

 
Diner pâté chinois.  À la demande de Nora, j'ai fait un dîner canadien.  Soupe à l'oignon et pâté chinois.  À ma prochain visite, je ferai un pouding chômeur.
Cours de "manger une mangue 101 à la brésilienne".  J'ai cru un certain moment donné qu'il me niaisait, mais non.  C'est vraiment comme qu'il mange une mangue... c'est plus savoureux selon lui.
Maison de la famille De Assis.  Elle est très jolie.  Toutes maisons comprennent un garage à l'avant où on y stationne la voiture sinon elle se fait voler.  Ma chambre est au 2e étage, la fenêtre de droite.
 
 
 

Quelques coutumes du pays!

Plusieurs façons de faire ont attiré mon attention.  D’abord, les enfants ne se couchent pas avant 21h00 ou 22h00 même s’il y a de l’école le lendemain.  J’ai été très surprise de voir les enfants en train de jouer dehors le soir tard en prenant une marche.  Ils ne me croient pas quand je leur dis qu’on couche les enfants autour de 19h30-20h00 les soirs de semaine.  Différence culturelle.

Toutes les familles écoutent le soir les télé-romans.  Ils sont très très très populaires et influencent beaucoup le peuple.  Si vous voulez savoir les chansons les plus populaires au Brésil, ce sont ceux utilisées dans les télé-romans.  Des magazines entiers y sont dédiés où les nombreuses intrigues sont dévoilées.  Ces revues sont parmi les plus vendus au pays.  Les acteurs qui en font partie sont, vous l’aurez deviné, les plus populaires et en vogue.  Au Québec, nous sommes aussi accrochés à ce genre d’émission : je pense « Aux feux de l’amour » et à « Top Modèle ».  C’est dans le même genre avec des histoires d’amour à la fleur bleue ou tout simplement quétaine.  Le peuple brésilien est très fidèle à ce rituel du soir.  Je me suis surprise à m’y intéresser après quelques émissions. 

Système patriarcal

Au Brésil, le père de famille est le cœur de la vie familiale.  Il est le patron et c’est lui qui décide.  Les autres suivent, la mère aussi. Ça ne se vit pas de la même façon dans toutes les familles.  Dans certains cas, l’homme ne fait jamais à manger ni la vaisselle et la femme le sert.  J’ai même vu la sœur de João attendre debout à côté de son mari pour le servir et se servir après, se lever pour lui servir à boire et se lever pour lui servir le dessert alors que tout était juste devant lui.  J’ai eu l’audace de lui demander de me passer les patates. J’ai eu droit à un regard hébété mais comme je suis de l’extérieur, ça passe. C’est à l’image des années 50 au Québec.  Parfois, personne ne mange avant que le père ne soit assis à la table.  D’autres exercent un patriarcat tendre au service de la famille mais quand il parle, tout le monde écoute.  Ça l’a son côté sécurisant. Ça me fait penser à mon père : une autorité ferme et tendre à la fois.  Pour savoir si la famille est « patriarcale », on a juste à voir si le père s’assoit ou non au bout de la table.  Dans ma famille, João n’est rien de tout ça.  Il ne s’assoie jamais à table pour manger mais va plutôt dans le salon devant la télé.  Ils laissent ses enfants libres dans leur choix même s’il s’exaspère de voir sa fille toujours à la maison et dormir jusqu’à midi lorsqu’elle ne travaille pas.  Il est très tendre envers eux comme envers sa femme.  Lorsqu’on lui mendie un colleux, il se laisse faire.  Il ne va pas à la messe mais encourage sa douce dans son apostolat. Il fait toujours la vaisselle et aide parfois à la préparation des repas.  Il n’oublie pas de remercier Nora pour la nourriture.  Bien que militaire, je ne crois pas qu’il a de l’autorité dans sa famille mais l’amour et la fierté du père pour les siens est palpable. 

D’autres coutumes suivront dans les prochains mois…

Une expérience d’église enrichissante

Le Cenfi où d’étudie le portugais est un lieu rassembleur pour l’Église du Brésil.  C’est un institut de la CNBB soit du conseil national des évêques du Brésil.  À chaque semaine, il y a toujours des formations où des laïcs engagés, des diacres, des prêtres et des évêques arrivent d’un peu partout au Brésil pour suivre différentes formations.  Puisqu’on mange ensemble et qu’on se côtoie le jour comme le soir, on crée des amitiés. Il est très intéressant de voir un évêque en jeans et de l’écouter parler de son église qui en dehors de sa fonction officielle, peut parler plus librement.  C’est une perspective nouvelle et très motivante.  J’y découvre des personnes bien au fait des difficultés et des défis de l’église qui sont de tailles.  Je les sens parfois un peu démunis.  Je découvre au Brésil une église bien vivante avec un potentiel énorme dans sa capacité de mener à bien la mission d’évangélisation qu’elle a.

Depuis mon arrivée, cette église à travers les nombreux laïcs engagés, les prêtres, les rencontres avec les paroissiens et les évêques m’a toujours bien accueilli.  Je me sens comme un membre à part entière de cette église avec laquelle je suis appelée à collaborer.  Est-ce que ce sera différent sur le terrain?  Peut-être!  Toutefois, je sens beaucoup d’enthousiasme à notre venue et j’avoue que c’est réconfortant.

Jusqu’à maintenant, mon expérience me permet de découvrir et d’aimer encore plus mon église avec ses défis et imperfections.  C’est drôle mais plus je la découvre vulnérable et plus je l’aime.

J’ai fait une demande pour devenir bénévole lors de la JMJ de Rio en juillet 2013.  Parlant 4 langues, je souhaite mettre ce talent au service de cet évènement d’église d’envergure.  J’ai déjà vécu l’expérience comme pèlerin avec la JMJ de Toronto, j’aimerais la vivre d’une autre façon.  On verra ce que ça donnera…